mardi 2 août 2016

Trans ? ._.

     L'autre soir, je me promenais sur twitter, et j'ai réalisé quelque chose. Je lis et écoute souvent des gens parler de leur expérience en tant que femme, en tant que mec homo, etc: et c'est très bien ! J'encourage tout le monde à parler de sa vie et de son expérience en tant que minorité. Seulement, j'ai réalisé que moi, je ne parlais presque jamais de mon expérience en tant que mec trans. Pourquoi ? Parce que je m'estime privilégié. Je suis blanc, de classe moyenne, j'ai été éduqué par des adultes cultivés dans une famille qui m'accepte et m'aime comme je suis, ce qui fait que j'ai toujours eu des facilités à l'école, je n'ai pas de handicap physique... Mais je réalise que... en faisant ça, je m'auto-silence ? Les femmes cis blanches hétéros aisées ont bien raison de parler de ce que c'est d'être une femme (malgré leurs nombreux privilèges), et si les mecs trans ne parlent pas de leur vécu, qui le fera ? Je me rends compte que les gens autour de moi ne se rendent pas forcément compte de ce que je vis, puisque je ne leur en parle pas, en fait... ! Voici donc un article à ce sujet, hop.

     Pour les nouveaux-lles, que signifie être transgenre ? La transidentité, c'est le fait d'avoir une identité de genre différente de celle que celle qui a été assignée à la naissance. Tu es née avec un pénis et tu es une femme, tu es donc une femme trans, par exemple. Cisgenre c'est le contraire: tu as une identité de genre qui est la même que celle qu'on t'a assigné à la naissance: tu es née avec un vagin et tu es une femme, tu es une femme cis, par exemple. 
Hélas, nous vivons dans un monde où être une minorité est compliqué. Être trans, donc, est compliqué. Savoir qu'on risque meurtres, discriminations à l'embauche, harcèlement, suicide... Simplement en étant qui on est, c'est ça être trans, aujourd'hui. Mais je suis pas là pour énumérer une liste de pourcentages alarmants mais parler de: concrètement, vivre en étant trans, qu'est-ce que ça change ?

 Mon corps: argh.


     Vous n'avez pas idée de la galère que c'est de s'habiller quand on est trans. Je suis un mec certes, mais j'aime beaucoup les habits étiquetés comme "féminins". Seulement, si je mets des chaussures à paillettes et une jupe rose, ou même juste un débardeur, je me fais mégenrer: on m'appelle "mademoiselle", on me dit "elle", etc. Du coup, j'essaie de m'habiller assez masculin en général: seulement, quand je me vois dans le miroir en fringues masculines, j'ai juste envie de pleurer tant j'ai l'air féminin et que je n'ai pas les courbes que j'aimerais voir. Sans parler de la galère que c'est de faire du shopping rayon "homme" quand tu fais 1m60, une pure partie de plaisir lolesque (et puis c'est quoi cette idée de designer des pantalons comme si tous les mecs du monde avaient un cul plat sérieux ? Marre). Mais au moins, quand je mets un gros t-shirt noir informe, un gros sweat à capuche, parfois on m'appelle "jeune homme". 

Les médecinEs: argh.

Haha, les médecinEs, la blague. Encore que, j'ai été très chanceux avec les médecinEs, puisque wow, ils ne m'ont pas balancé à la gueule que j'étais un monstre toutes les 35 secondes, ou ils ne m'ont pas foutu en HP à la moindre occasion. Mais, on prend l'habitude de s'attendre à des petites piques, ou à des décalages. Du genre mon ancien psy, à qui j'avais expliqué en long en large et en travers ma transidentité dès le premier rendez-vous, qui s'étonne que je me genre au masculin au bout de 5 mois de psychothérapie (alors que je me genrais au masculin depuis le début...). J'étais sidéré.

Le lycée et les situations sociales: argh.


J'ai du mal à aller au lycée pour des raisons qui ne sont pas directement liées à ma transidentité. Mais, parfois, je n'ai juste pas envie d'y aller parce que je sais que je serai entouré de personnes maladroites et pas éduquées à ça, et que je risque d'entendre des propos transphobes blessants, que tout le monde presque m'appellera par mon prénom de naissance et me genrera au féminin. Parfois j'ai juste la flemme d'affronter la transphobie qui est là partout en permanence, alors j'ai pas envie de sortir de chez moi.

Face aux cis: argh.


     En tant que trans, je vis dans un monde de cis, fait par les cis, pour les cis, un monde transphobe et cissexiste. Ce qui fait qu'automatiquement, les personnes que je côtoie au quotidien (me) disent des choses blessantes sans s'en rendre compte, tous les jours. Et je dois supporter ça, et le pire, c'est qu'on attend que j'éduque tout unE chacunE au sujet de la transidentité. Comme si mon devoir en tant que trans était d'éduquer la planète entière, et de dépenser toute mon énergie là-dedans.
Récapitulons: j'ai eu l'énergie de m'habiller, d'affronter mon reflet dans le miroir, d'écouter des insultes et/ou propos cissexistes/transphobes toute la journée (dans les medias, dans la rue, dans les conversations, etc), j'ai dû affronter une situation sociale, ma dysphorie, et après tout ça, quand on me balance un truc transphobe de plus, je suis censéE rester calme et avoir encore de l'énergie pour expliquer les choses calmement, jusqu'au bout, à quelqu'unE persuadéE qu'iel a raison, et que j'ai tord (alors que je suis le principal concerné.) ? Étonnamment, c'est pas toujours toujours le cas. Bizarre, hein ?
Et puis les cis trouvent souvent ça "difficile" de genrer quelqu'unE de trans correctement. Comme si respecter quelqu'unE était trop difficile. C'est beaucoup plus dur pour quelqu'unE de trans psychologiquement d'être mégenré que pour quelqu'unE de cis d'ajuster les pronoms pour respecter la personne. Etre mégenré c'est vraiment horrible à vivre. Et puis est-ce que tu mégenres ton pote Thierry-le-cis ? Tu l'appelles Thierry, pas Françoise ? Bon bah là c'est pareil, l'asticot.



     Bref, être trans au quotidien c'est fatigant, et c'est la plupart du temps pas une partie de plaisir. J'espère que ces quelques lignes feront comprendre à certainEs ce qu'être trans représente au quotidien, vu qu'on en parle pas beaucoup je trouve.

La bise,

Tara.  

images: 1/500  & origimemes

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